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À propos des Algonquins traditionnels du Lac Barrière
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Questions et réponses
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À propos des Algonquins traditionnels du Lac Barrière
(ce secteur comprend essentiellement la moitié sud de la réserve faunique La Vérendrye, qui englobe Poigan)

Traduction de la section « À propos de nous » du site Mamwi:
« À propos de nous et de notre Nation

Nous ne demeurons pas sur des réserves indiennes, mais sur notre territoire traditionnel, que Québec appelle "réserve faunique La Vérendrye". Les réserves fauniques sont supposément dédiées à la préservation de la faune, mais avec les lois actuelles, l'habitat n'est pas protégé. Cela permet à des coupes à blanc de survenir. Dans certains secteurs, il reste seulement 20% de la forêt ancienne.

Il s'agit d'un territoire non-cédé et nous n'avons pas signé de traité avec le Canada, l'Angleterre ni la France. Notre peuple a vécu sur ces terres depuis des temps immémoriaux. Il y a une réserve indienne (au sens de la Loi sur les Indiens) de 59 acres dans une petite partie de notre territoire, où certainEs de nos citoyenEs vivent. Ils et elles ont le statut d'"Indien". Nous ne l'avons pas et sommes auto-suffisants. Ces dernières années, nous avons entrepris de documenter la façon traditionnelle de gouverner de notre Nation pour la première fois. Nous avons consulté les aînés à travers le territoire algonquin afin d'authentifier précisément notre système de gouvernance. Nous avons pris cette information et l'avons compilée. Puis nous avons travaillé avec un avocat constitutionnel qui nous a aidé à faire l'ébauche d'une constitution qui reflète la forme traditionnelle de notre gouvernement. Nous avons utilisé le processus décrit dans la constitution pour sélectionner notre cercle des aînés actuel.

Pour donner une direction au futur de notre Nation, nous nous sommes engagés dans une consultation compréhensive auprès de nos citoyenEs sur ce qu'ils et elles aimeraient voir dans notre Nation. Cette consultation forme la base de notre plan pour le futur.

Un peu d'histoire récente

En 1991, Le Canada a commencé des négociations de traités avec neuf de nos chefs traditionnels. Ce processus a été mis de côté, pour plutôt chercher à atteindre un accord économique pour gagner accès à nos ressources, en particulier le bois. Une entente trilatérale d'une durée de trois ans a été entérinée par le Canada, le Québec et certains de nos chefs en 1991. L'entente prévoyait des protocoles spécifiques à respecter pour les compagnies forestières. Ces protocoles n'ont pas été respectés.

Beaucoup d'argent est allé dans les mains de peu de gens. La corruption s'est installée. La GRC a ouvert une enquête sur la fraude (numéro de dossier 98A1810). En 1996, Le Canada s'est retiré de l'entente et la GRC à reçu l'ordre de tabletter l'enquête. Une nouvelle entente bilatérale entre les mêmes Algonquins et Québec fut entérinée. Les termes de l'entente ne furent pas respectés et elle expira. En juillet de cette année, le juge O'Neil a commencé un audit de la situation. Il n'est pas complété.

Durant cette période de 20 ans, environ 75% de notre territoire, qui était entièrement couvert de forêt ancienne, a été coupé à blanc. Un aîné rapporte que dans son territoire, avant la coupe à blanc 20 ans plus tôt, il y avait 150 espèces d'arbres. Maintenant, il n'y en a plus que quatre.

Les gens traditionnelles qui vivent sur nos terres se sont fermement opposées aux coupes. Cette opposition a pris plusieurs formes et a mené, entre autres, à des arrestations.

La situation actuelle

Plus tôt cet été, quelques-unEs de nos citoyenEs ont vu des camions de bois entrer sur notre territoire. Nous n'avons reçu aucun avertissement à propos de cette activité. Notre conseil des aînés a déterminé que cela devait être stoppé. Ainsi, nous avons monté un campement et bloqué la route empruntée par la machinerie.

Des représentants de la compagnie forestière, Produits forestiers Résolu, disent qu'ils ont reçu l'accord écrit de quatre membres de la Première Nation de Lac Rapide, dont aucune ne demeure sur territoire touché par les coupes. Il n'y a aucun cadre tel que l'entente bilatérale ou trilatérale pour cet accord. De plus, lorsqu'on leur a demandé, les représentants de Résolu n'ont pas été capables de fournir l'accord en question.

Résolu a obtenu une injonction contre notre peuple, permettant aux coupes de continuer jusqu'à ce que la cause retourne en cour, le 25 septembre 2012. Deux de nos aînés ont été arrêtés; l'une d'entre est une grand-mère. »

Les aînés ont été détenus pendant huit jours. Depuis, la cour a renouvelé à plusieurs reprises l'injonction accordée à PF Résolu. Elle est mainenant en vigueur jusqu'à la prochaine étape de la cause en cour, qui n'arrivera pas avant le printemps prochain. D'ici là, plus de la moitié de la forêt sera coupée. Il y a donc urgence d'agir.



À propos de SOS Poigan

Nous sommes un groupe principalement montréalais formé en support des Algonquins (Anishinabes) traditionnels qui vivent du territoire forestier nommé Poigan, où ont lieu actuellement des coupes forestières dévastatrices.

Poigan est situé dans le secteur du Lac Barrière, dans la Réserve Faunique La Vérendrye.

Le mot « Poigan » signifie littéralement « calumet de la paix ».



Questions et réponses

Qui coupe du bois à Poigan?
Dix compagnies détiennent des permis à cet endroit. Les principales sont Produits forestiers Résolu (anciennement Abitibi-Bowater) et Louisiana Pacific, deux compagnies américaines.

Depuis quand?
Il y a des opérations forestières depuis juillet 2012 à Poigan comme tel, mais depuis 25 ans environ dans la réserve faunique.

Cette forêt avait-elle déjà été coupée par le passé?
Non. C'est ce qu'affirment Jacob Wawatie et familles algonquines (anishinabes) qui utilisent le territoire traditionnellement depuis des générations.

Est-ce qu'on peut réellement parler de "coupes à blanc"?
Nous sommes d'avis que oui, expert à l'appui. Le gouvernement prétend le contraire. Les méthodes dites nouvelles donnent souvent les mêmes résultats, mais on laisse de minces bandes d’arbres à certains endroits surtout à des fins esthétiques.

Qui est touché négativement par les coupes?
Surtout les familles algonquines traditionnelles qui vivent dans la réserve faunique ou en tirent des moyens de subsistance. Ces familles s’appellent Wawatie, Ratt, Keyes, Whiteduck, Nottaway et autres.
Au total, nous estimons que 300 personnes habitent sur le territoire traditionnel du lac Barrière - la moitié sud de la réserve faunique La Vérendrye, qui englobe Poigan - et qu'environ 700 en tirent des moyens de subsistance.

Dans quelle mesure?
L’impact cumulatif des coupes sur une vingtaine d’années a été désastreux. Plusieurs familles se sont réfugiées à Poigan qui est l’un des derniers territoires vierges de la région. La forêt est la pharmacie, le garde-manger et l’école traditionnelle des Algonquins. Les arbres peuvent mettre plus de 70 ans à repousser. Les plantations de monocultures ne permettent pas à la forêt de se régénérer, et la faune disparaît en même temps que les arbres.

Pour les Algonquins de Poigan, que signifie la perte de la forêt?
Les habitants de Poigan n’hésitent pas à parler de génocide culturel pour parler des coupes forestières. Ils perdent leurs sites cérémoniels, la  possibilité de transmettre leur savoir traditionnel à leurs enfants, les  plantes qui guérissent, et en général leur relation avec la nature qui  est le fondement de leur identité et de leur spiritualité. Ils seront déracinés dans un milieu étranger et seront obligés de se relocaliser. Leur dépendance envers l’État sera aggravée. Ils perdront l’alimentation saine qu’ils trouvent dans la forêt. Leur désespoir et leurs problèmes de santé s’accroîtront.

Carte des blocs de coupe à Poigan et à proximité.
Poigan est la section encerclée au Nord-ouest (étiquettée « Jacob Wawatie »).
Les blocs de coupes sont délimités en jaune.
Quelle est la superficie de Poigan, et quelle proportion de la forêt doit y être coupée?
Environ 100km carrés. 60% de ce territoire (environ 700 hectares) sera coupé d'ici mars 2013. (voir la carte ci-contre)
Les coupes contreviennent-elles à la loi?
Non, mais la loi elle-même contrevient aux droits ancestraux qui sont théoriquement garantis par la Constitution canadienne, mais qui doivent être prouvés dans un processus judiciaire très long et coûteux, qui ne permet pas l’arrêt des coupes en attendant.

Comment les compagnies forestières obtiennent-elles le droit d'effectuer des coupes? 
Le Ministère des Ressources naturelles du Québec leur donne un permis pour créer des emplois dans la région. Le gouvernement doit consulter le conseil de bande et les familles, mais ces consultations sont insuffisantes et n’aboutissent qu’à des accommodements minimes qui ne protègent pas contre l’impact des coupes sur la faune et le mode de vie traditionnel. Il est impossible de dire non aux coupes forestières dans l’état actuel des choses.

Quelle est la position du conseil de bande?
Le conseil de bande est également opposé aux coupes actuelles, bien que sur des bases différentes. À la cour, le conseil de bande a demandé à ce que certaines mesures soient respectées si les coupes se poursuivaient. Cette position n'a aucunement été retenue, la cour donnant raison à Résolu sur toute la ligne.

Sur quoi la cour s'est-elle basée pour donner raison à la compagnie Produits forestiers Résolu?
Le jugement privilégie les emplois dans l’industrie forestière sans tenir compte du mode de vie traditionnel en jeu ni de la forte apparence de droit ancestral.

Justement, qu'en est-il des emplois qui dépendent des coupes à Poigan?
Leur nombre varie entre 125 et 300 selon les estimations.
Il faut comprendre qu'une forêt en santé offre des possibilités quasi-infinies d'activités économiques durables, que les Algonquins de Poigan souhaitent développer: écotourisme, safaris photos, enseignement du mode de vie traditionnel, récolte de produits forestiers non-ligneux (comme les champignons et le thé des bois)... En comparaison, l'industrie forestière crée très peu d'emplois mais énormément de dommages.

Y a-t-il des espèces menacées ou vulnérables sur le territoire?
Une simple superposition, sur une carte, de l'aire de répartition des espèces de la liste du MRNF avec les limites la réserve faunique (pas nécessairement de Poigan spécifiquement) fait ressortir la présence d'espèces animales vulnérables: la tortue des bois, le faucon pèlerin anatum et le pygargue à tête blanche.

Les compagnies forestières présentes à Poigan sont-elles reconnues pour agir responsablement?
PF Résolu a plusieurs forêts certifiées FSC, mais pas celle de Poigan. Ses méthodes à Poigan semblent douteuses sur le plan écologique. Tout récemment, Greenpeace dévoilait les coupes scandaleuses effectuées par cette compagnie sur le territoire du caribou forestier. La certification FSC elle-même, censée garantir de bonnes pratiques, est critiquée dans plusieurs cas comme étant inefficace et servant plutôt à redorer l'image des compagnies.

Y a-t-il d'autres menaces qui planent sur Poigan?
Oui, les projets éventuels de l’industrie minière.

Que peut-on faire?
Exprimer clairement au ministère des ressources naturelles que les coupes forestières à Poigan doivent cesser immédiatement, au minimum jusqu'à ce que les procédures judiciaires pour déterminer le droit ancestral des Algonquins aient abouti. Les démarches sont enclenchées pour des discussions avec la ministre Martine Ouellet, mais celles-ci ne pourront fonctionner sans un appui fort de la population. Notre pétition et nos actions vont en ce sens.


  • Mamwi
    Ce site (en anglais) donne une voix aux Algonquins traditionnels de la région du Lac Barrière. Ce sont ces Algonquins que nous soutenons face aux coupes outrageuses perpétrées en ce moment même sur leur territoire.